Elle date des années 40. Appartenait à un homme de lettres.
Puis elle a siégé fièrement sous une fine pellicule de poussière au fond d’un garage.
Je l’ai acquise récemment du fils de son ancien propriétaire.
“Remington” … une madeleine de Proust pour moi. Tant ce nom représenta pour la jeune fille que je fus l’essence même du travail d’écriture.
Avec elle, je me sens, c’est bête, légitime. Légitime dans ma pratique du mot, dans ma pratique de l’interview, dans ma pratique stylistique, dans ma pratique éditoriale.
Elle me donne un poids, une assise. Juste posée à côté de moi.
Cette machine à écrire ancienne m’adoube dans ce que je suis depuis toujours. Une écrivaine.